Le désert de la Mongolie Intérieure
Un de nos plus beaux projets de voyage : La Mongolie Intérieure. Cette province gigantissime traversant le nord de la Chine d'Est en Ouest, au sud de la Mongolie, recèle des paysages à couper le souffle, merveilleux et très variés. Notre projet visait le nord-est, célèbre pour ses prairies, chevaux et yourtes. Ce sera sur les conseils avisés de l’agence Atout Tibet que nous nous orienterons finalement au nord-ouest, avec le célèbre désert de Badain Jaran, spectaculaire en cette saison d'automne.
Nous avons été conseillés et avisés par John, fondateur de l'agence Atout Tibet, cette agence qui comme son nom l'indique a pour passion de faire découvrir les contrées tibétaines aux voyageurs avides de paysages et de cultures exceptionnels. Depuis quelques temps, jugeant que la beauté de la Chine s'étendait bien au-delà, John a décidé de faire découvrir à ses prochains des sites d'exception comme la Mongolie Intérieure ou encore le Xinjiang. Nous avons donc été enchantés de pouvoir être les pionniers à explorer avec lui ce magnifique terrain désertique pour nos congés d'octobre. Bien que tout nouveaux sur cette région, leur patience et leur expérience en matière d'organisation, de logement, de trek et de culture locale ont contribué à la réalisation d'un de nos plus beaux voyages en empire du milieu.
Nous sommes partis de Chengdu, capitale du Sichuan par le train pour Jin Chang (金昌) à 27h de trajet ferroviaire au nord, dans la province du Gansu. En prenant des places couchette, vous passez une merveilleuse nuit et un excellent trajet en remontant le Sichuan j’usqu’au Gansu.
À la descente du train, Atout Tibet nous a affrété une voiture avec chauffeur pour nous conduire à Alaxa Youqi, porte du désert de Mongolie Intérieure située à 130 km de la station de train de Jinchang, soit environ 2h de route.
Apprécions ensemble le paysage changeant autour de nos wagons au fur et à mesure que nous traversons provinces et cultures.
Les forêts de bambous subtropicales du Sichuan laissent peu à peu la place aux paysages caillouteux et désertiques du Gansu, province peuplée par quelques minorités chinoises musulmanes, descendantes des grands caravaniers d'antan qui arpentaient la fameuse route de la soie.
Maison traditionnelle du Gansu à cour fermée
Voyage confortable et divertissant en train couchette entre Chengdu et Jinchang
Nous sommes arrivés à Alaxa Youqi en fin de soirée. Atout Tibet nous a prévu une chambre confortable dans l'hôtel de l'agence chinoise responsable de l'organisation des activités touristiques dans le désert de Badain Jaran.
Salle à manger de l'hôtel à Alaxa Youqi
Départ de l'hôtel en 4x4 depuis Alaxa Youqi direction le grand désert de Badain Jaran
Prise aérienne du grand désert de Badain Jaran
Nous sommes partis tôt le matin de l'hôtel d’Alaxa Youqi, dernier rempart civilisé avant l'immense étendue désertique qui sépare la Chine de la Mongolie. Badain Jaran est l'un des plus grand désert de Chine, couvrant plus de 50 000km carrés. Il est aussi connu comme le désert aux lacs mystérieux, on peut y trouver plus d'une centaine de belles retenues bleues. L'altitude varie entre 1000 et 1600 mètres, la plus grosse élévation étant le pic Bilutu, une dune d'environ 300m de haut.
Nous sommes partis du sud-ouest, après une heure de route vers le nord, nous avons emprunté une piste de sable pour pénétrer à l'intérieur de cette contrée de sable.
20 kilomètres en 4x4 pour nous mener aux portes des dunes
Nous retrouvons ici notre famille mongole, qui s'est chargée de préparer notre trek à travers le désert avec l'intermédiaire d'Atout Tibet. Nous nous préparons pour quatre jours de désert, 2 nuits en tente, une nuit chez l'habitant, accompagnés de 5 chameaux pour transporter nos vivres et affaires personnelles. Nous avons choisi d'effectuer ce trek à pied sur plus de 100 km. Sachez que si toutefois vous souhaitez vous déplacer à dos de chameau il vous faudra compter un supplément de 400rmb pour un chameau, par jour et par personne.
Première rencontre avec notre partenaire de voyage
En route pour notre grande traversée
Nous voilà partis pour notre premier jour de marche à travers le désert, 25 km de prévu et à la clé, une nuit reposante en tente, préparée par notre chère famille mongole et par Atout Tibet.
Sur les traces des caravaniers de la route de la soie
Reptiles du désert
Quelques touffes de verdures percent le sable et parviennent à pousser grâce à une petite pluie
Nos amis chinois prennent plaisir par d'autres moyens que la marche
Chardon du désert, met de choix pour les chameaux
Pique-nique à la mi-journée
Nous ferons remarquer ici que l’agence de loisirs chinoise, seule habilitée à organiser les treks de Badain Jaran, devra revoir sa notion du pique-nique. En effet, après plusieurs heures de marche sous un soleil de plomb, l'aventurier espérerait peut être une pause déjeuner plus consistante, spécialement sous ce soleil de plomb. La collation fut donc bien maigre et manquait peut-être d’authenticité et de bon goût : une saucisse industrielle, un morceau de bœuf séché, des fruits secs, une pomme et une barre de chocolat. Le coca cola est à mon avis de trop. Toutefois, nous avons pu compter sur les galettes de farine de blé mongoles et sur des œufs durs frais que nos guides nous ont préparés pour refaire le plein de manière plus efficace et plus appréciable au palais. Atout Tibet n'a pas manqué de signaler ce pique-nique inefficace à l’agence chinoise.
Déjeuner à l'ombre de son chameau
L'érosion, merveille de sculpture en pleine nature
Élévation des dunes
Notre caravane au complet
The Lone Ranger
Halte du soir
Montage du campement
Notre famille mongole a pris soin de nous installer dans des tentes modernes pour notre confort. Nous avons également apporté nos propres duvets pour des questions d'hygiène. Vous remarquerez la tente principale pour le stockage du matériel de cuisine, du poêle et des vivres. La famille, elle, habituée, passera la nuit à la belle étoile. Chacun s'emmitoufle sous d'épaisses couvertures et passe la nuit sous le ciel étoilé. Les températures ne descendent pas aussi bas que celles des grands déserts d'Afrique à la nuit tombée. Comptez 15°C en soirée et 28°C en journée en cette période automnale. L'hiver, le désert peut être recouvert de neige pour une bonne partie de la saison avec des températures extrêmes allant jusqu'à -30°C.
Repos et repas du chameau
Nos hôtes ont choisi une partie du désert spécialement bien fournie en buissons pour laisser paitre tranquillement les chameaux après une journée de marche sur le sable chaud. Ces derniers n'ont cependant aucun besoin de boire et peuvent rester ainsi, moyennant quelques buissons verdoyants, pendant près d'un mois sans eau.
Le petit dernier de notre famille d'accueil, ravi de profiter des vacances scolaires pour profiter d'un trek dans le désert avec ses parents et grands-parents.
Préparation du repas du soir
Notre premier repas mongol au beau milieu des dunes
Nous avons pu profiter d'un excellent repas. Quelques spécialités chinoises appréhendables par tous comme les tomates aux œufs, mais également des mets très typiques comme ces légumes verts du désert qui ne poussent que localement. Le repas a été agrémenté de galettes traditionnelles et nous avons rincé le tout avec du bon thé chaud. La nuit a été très paisible et très reposante, une nouvelle journée de marche de 30 kilomètres nous attend pour la deuxième journée de notre périple.
Petit déjeuner ! L'agence chinoise fourni tout le nécessaire pour le petit déjeuner des étrangers. Vous avez donc du lait, du café, du thé, du sucre, de la brioche, de la confiture et des œufs. En effet, les Mongols, tout comme les Chinois, se satisfont bien souvent des restes du dîner de la veille pour le petit déjeuner, ce qui peut être un peu rude pour les estomacs et les appétits des non-initiés et l'agence l'a bien compris.
En appréciant la photographie de notre table, vous pouvez constater des intrus parmi le petit déjeuner occidental traditionnel. Notre gentille famille nous a cuisiné les fameux légumes verts de la veille en se disant probablement qu'il était idiot de partir pour une journée de marche en ne mangeant que des cochonneries au petit déjeuner. Nous avons donc eu droit à un plat cuisiné et... à ce magnifique chou rouge cru, bien lavé et effeuillé. Lorsque nous avons demandé ce que nous étions supposés faire avec ce chou, notre guide mongol nous a avoué qu'il n'en avait aucune idée, que l'agence chinoise lui avait donné pour nous et qu'il ne savait pas de quoi il s'agissait n'ayant jamais vu de chou rouge dans sa province. Il s'est simplement dit que ça nous ferait plaisir au petit déjeuner : )
Je vous laisse apprécier l'idée de notre guide d'Atout Tibet qui n'a pas manqué de créativité pour allier les deux plats que l'on nous a servis :
Un petit déjeuner certainement pas comme les autres...
...et un début de journée très convivial et très amusant
Après notre petit déjeuner et notre réveil tranquille, nous nous sommes fait envahir par un convoi de monstres bruyants à moteurs venus troubler notre retraite paisible aux confins du désert. Un groupe de touristes chinois en 4x4 ont repéré notre campement et nos chameaux de loin et n'ont pas résisté à cette opportunité de nous approcher pour une expérience inédite et exotique.
Ramdam dans le désert
Équipement sportif de premier choix pour une expédition en voiture !
La photo obligatoire avec les étrangers en vacances
Après nous être débarrassés des envahisseurs, nous avons pu démarrer notre deuxième journée de trek. Nous voilà partis pour 25 kilomètres à travers des dunes de plus en plus hautes et de plus en plus difficiles à franchir. Le paysage n'en est que plus beau.
Vue reculée de notre campement après notre départ
Le temps se couvre et le vent se lève
Essai à dos de chameau pendant une petite pause avec notre éclaireur en attendant notre caravane
Déjeuner sur le sable
La pluie dans le désert, phénomène rare dont nous avons pu profiter grâce à Gabriel (Clin d’œil : il a plu pendant l’intégralité des trois semaines qu’il a passé en Chine, même dans le désert !)
Sable détrempé après une courte averse
Chameau en errance au bout de ses réserves, sa bosse a complètement fondu
Un terrier, des petits animaux survivent en ces lieux aux conditions extrêmes
Nuances sombres apparues après l'averse au creux des dunes
Croûte de sel émergeant sur le sable
Mer de sable
À la fin de notre deuxième journée de marche, surgit un lac, vision de mirage mais pourtant réelle, c'est auprès de cette magnifique oasis que nous établirons notre prochain campement pour clore cette belle journée.
L'heure est très avancée, il est tard et déjà le soleil est sur le point de disparaitre, laissant derrière lui l'ombre des dunes qui ne dure que très brièvement en fin de journée dans le désert. Les aventuriers arrivent à leur prochain bivouac et se réjouissent de cette pause accordée après une rude traversée.
Arrivée à notre oasis, havre de repos
Une bonne partie de l'oasis s'est asséchée, laissant une trainée de sel, reste concret de cette retenue d'eau salée.
On monte le camp pour notre deuxième nuit dans le désert
La fraicheur et l'humidité de l'oasis se fait sentir, ce soir nous dinerons à l’abri
Dîner mongol, nouilles au mouton, légumes locaux
Nous passerons une nuit plutôt atypique. L'un de nous a soudainement été malade pendant le dîner, pour le rester toute la nuit et toute la journée du lendemain. Pour ma part, j'ai passé une nuit avec l'estomac contrarié également, mon dîner est ressorti le lendemain matin. Ce fut le début de la vague de malades, nous y sommes tous passés, ce doit être ce qu'on appelle communément la tourista. Nous réfléchirons peut-être à deux fois avant de goûter au lait de chamelle qui a trainé dans une bouteille plastique.
Le début de ce troisième jour de trek a été difficile mais des paysages enivrants étaient présents pour nous donner du courage.
Bergerie au coeur de l'oasis
Notre oasis et campement vus de loin
Notre compagnon de voyage malade, contraint de faire un bout de chemin à dos de chameau
Balade le long des oasis aux lacs salés
Sur la plage de sel
Lac saturé en sel au creux d'une dune
Crustacés rouges, aux œufs très recherchés pour leurs vertus gustatives bonnes pour la santé
Texture poisseuse du sable aux abords des lacs faisant penser aux sédiments responsables de la formation du pétrole
La source du lac : source d'eau douce, fraiche, souterraine et jaillissante, alimentant le lac salé. Nous avons pu faire le plein de nos gourdes grâce aux bons conseils de notre guide mongol.
Notre oasis de destination
Après trois journées de marche intense à travers le désert, nous voici arrivés chez notre famille mongole qui vit très bien ici, grâce à son cheptel de 200 chameaux, à ses chèvres et aux services de treks proposés aux voyageurs.
Arrivée tardive chez nos éleveurs de chameaux
L'heure du biberon pour les jeunes camélidés
Maison typique du désert, seule dans un rayon de 100 kilomètres, où nous avons passé la nuit
Repos des chameaux, rangement des équipements, yourte de stockage
Repas chez notre famille d'accueil
Après un trek de 100 kilomètres parcourus à pied, nous avons terminé notre voyage en seulement trois jours au lieu de quatre initialement prévus. La famille a été inquiète qu'on leur demande de rembourser le dernier jour, mais nous les avons rassurés en leur expliquant que nous n'étions pas dans cette optique-là. Nous étions ravis d’avoir pu marcher à notre rythme et d'arriver plus tôt chez eux, en passant du temps en leur compagnie. Après un repas plus que revigorant le soir nous avons passé la nuit dans leur chambre d'hôte où plusieurs lits de camps avaient été dressés pour nous.
Le lendemain matin, notre guide mongol nous a proposé de nous accompagner jusqu'au lac en altitude où il aimait passer ses étés étant enfant. Ce lac a la particularité d'être salé d'un côté et d'être pourvu d'eau douce de l'autre, ce qui le rend approprié à la baignade. Nous sommes ravis et nous acceptons avec joie ce programme improvisé du jour.
Nous quittons l'oasis paisible de nos hôtes
Le lac Woertu se situe en altitude à 3h de marche de l'oasis, notre ami nous accompagne en moto
Le lac Woertu : à gauche eau douce et à droite saturation de sel
Baignade en eau douce. Cette partie ombragée est l'arrivée de la source où un magnifique arbre a pu croitre, la température de l'eau est glaciale.
Texture du sable poisseuse au bord du lac salé
Baignade dans le lac salé
Portée par les eaux saturées en sel, impossibilité physique de plonger, une expérience inouïe !
Couverte de sel en sortant des eaux
La partie eau douce du lac a su être utile. Les lacs sont tellement saturés en sel qu'il est d'ordinaire impossible de s'y baigner tant le sel vous colle à la peau. Pendant la baignade, aussi insolite et amusante soit-elle, le sel s'immisce de partout, brulant les commissures des lèvres, les coups de soleil, les petites plaies, votre corps tout entier souffre. Vous ne pouvez pas rester longtemps pris dans ce vaste saloir sans vous déshydrater et vous dessécher complètement. Un bain d'eau douce a donc été réparateur. Au soleil, la température de l'eau avoisine les 28°C, c'est bien plus agréable que la température de l'arrivée de la source à l'ombre de l'arbre, si j'avais su.
Après notre baignade, nous sommes rentrés à notre oasis de départ chez notre famille d'accueil où nous avons pu déguster une bonne bière fraiche en attendant la préparation de notre dernier repas.
Dernier repas mongol : Tête de chèvre et légumes de saison
Photo de famille avant le départ : le gendre et son fils, la fille, le grand-père, nous, le père et la mère
Nous sommes retournés à Alaxa Youqi en 4X4 cette fois-ci, notre centaine de kilomètre avalée à pied en trois jours nous aura pris quatre heures en véhicule. 4X4 conduit par un habitué du désert, habile pour le passage des dunes, maitrisant le taux de remplissage d'air de ses pneus en fonction du terrain. Quelques frayeurs et menaces de renversement, toutefois, la conduite maîtrisée de notre chauffeur a été plus qu'exemplaire et il a su faire face à plusieurs situations d'urgence sans encombre. La conduite à travers le désert n'est décidément pas plus aisée que la traversée à pied.
Après une nuit réparatrice et une douche salvatrice, nous sommes partis de notre hôtel initial d'Alaxa Youqi pour un trek au Mont Yabulai. Situé à deux heures de route d'Alaxa Youqi, Ce mont caillouteux nécessite une bonne heure de trek pour arpenter ce paysage bien différent des dunes de sable. Après le désert de sable, nous avons donc pu faire l'expérience du désert de rocs.
Point d'entrée du Mont Yabulai
Sur l'aval d'une rivière asséchée
Reste de végétation dans ce petit val creusé par le ruissellement de la rivière éphémère qui ne reste que le temps d'une pluie
Paysage magnifique façonné par l'eau qui se retire aussitôt
En amont de la rivière sèche, un bois aux couleurs d'automne
La piste quitte le Mont Yabulai, entourée de paysage de pierres et de terres arides, nous offrant une toute dernière vue de cette partie désertique de la Mongolie Intérieure. C'est ici, au beau milieu de ce territoire désolé et splendide que nous achevons notre voyage.
La Mongolie, culture millénaire et terres sauvages mystiques, aura su combler notre appétit de découvertes et de voyages. Nous remercions une nouvelle fois Atout Tibet pour nous avoir permis de fouler ce sol et d'avoir fait de nous leur tout premier groupe d'explorateurs en Mongolie Intérieure. Une expérience humaine doublée d'une équipe de professionnels nous aura conduits aux confins de cette légendaire route de la soie où nous avons pu faire l'expérience, certes courte, de cette vie de nomade, rude et impardonnable, contribuant à un cadre de vie atypique des plus spectaculaires.