Trek à Haizi gou (海子沟), Siguniang Shan 四姑娘山

Le massif montagneux de Siguniang shan, (les quatre fiancées en français) est l'un des plus beaux sites de la province du Sichuan pour tous les amoureux de randonnée et d'ascension. Nous nous étions déjà rendus dans la vallée de Changping Gou en mai 2014 pour une balade sur quatre jours avec trois nuits en tente, référez-vous à ce premier article pour informations et paysages.

Nous nous concentrerons cette fois-ci sur la vallée de Haizigou, plus haute que sa voisine, plus athlétique et bordée de nombreux lacs de haute-montagne. Si vous disposez de plusieurs jours, prenez un bus au départ de la gare routière Chadianzi (茶店子) de Chengdu à destination de Rilong (日隆) pour une centaine de yuans. Le départ des sentiers de Changping Gou et de Haizigou se situent tous deux au terminus du bus dans cette bourgade, après six heures de route, une route très mauvaise avec un passage ravagé par les glissements de terrain sur 20 km. Il faudra vous munir des billets d'entrée vendus sur place (70 yuans), vous acquitter d'une taxe de séjour si vous passez la nuit en tente (80 yuans) et louer les services d'un guide (200-300 yuans/jours) qui vous accompagnera. Ces formalités sont obligatoires et accessibles depuis le bureau du tourisme en montagne de Rilong situé à 500 mètres des départs de sentier. Les billets sont bien moins chers que les habituels sites touristiques du Sichuan car le site n’est pas aménagé de voies construites et d’escaliers. Il s’agit d’un petit sentier fort agréable, toutefois, vous le payez tout de même car on ne vous laissera pas l’emprunter sans guide.

Il est également possible de prévoir une excursion sur un weekend avec un départ de très bonne heure le samedi matin en voiture depuis Chengdu, suivi d'une bonne journée de marche et d'une nuit en tente. Prévoyez un retour le dimanche en début d'après-midi après une matinée de marche. Cette option sera plus coûteuse car il vous faudra une voiture à votre disposition.

Itinéraire routier Chengdu-Rilong

Illustration des sentiers : Shuangqiao gou, Changping gou et Haizi gou 

Ces trois vallées sont très différentes les unes des autres. Nous exclurons Shuangqiao qui s'adresse principalement au tourisme de masse. Cette vallée est bordée d'une route sur laquelle circulent les bus touristiques du parc. Vous vous arrêtez à chaque point de vue, prenez une photo et repartez. Il en faut pour tout le monde.

Changping gou est la vallée la plus longue. Elle serpente sur près de 30 kilomètres avec un sentier en pente très douce au bord des méandres de la rivière. Au bout de la vallée, vous pouvez continuer en franchissant le col Bipeng à 4450 mètres d'altitude et redescendre sur la vallée de Bipeng gou qui ne fait pas partie du parc, mais qui offre des paysages tout aussi époustouflants.

La vallée de Haizi gou, quant à elle, est plus escarpée et la balade est plus athlétique. Le départ de Rilong est à 3800 mètres d'altitude. La distance parcourue est importante et le dénivelé également. Vous ne restez pas le long des rivières au fond de la vallée mais passez sur quelques crêtes avant de parvenir jusqu'au premier lac.

Au départ de Haizi gou

Il est possible de louer des chevaux pour grimper les crêtes de Haizi gou à dos de canassons. La plupart des promeneurs que nous avons croisés étaient d'ailleurs à cheval. L'inconvénient pour nous marcheurs, était les sillons creusés par les sabots de nos amis équidés sur le sentier. En effet, le sentier par temps de pluie se couvre de bouillasse et des flaques profondes se creusent là où chaque patte ongulée est passée. Autant vous dire qu’avec l'affluence de promeneurs montés, vous vous lancez sur une piste du saut en longueur par temps de pluie pour éviter de finir au fond d'une cuvette boueuse.

Village tibétain sur le versant opposé

Arpentant les crêtes

Rencontre avec les yaks dans les hautes pâtures de Haizi gou

Sentier agréable et dégagé aux couleurs d'automne 

Franchissons les rivières de montagne

Vue dégagée sur Haizi gou creusée par la rivière dans son écrin de verdure rougeoyante

Arrivée aux abords du lac Dahaizi 大海子

Splendide étendue bleutée bordée de forêts de sapins verts, de feuillus carmins et de sommets enneigés

Alpages tibétains au bord du lac Dahaizi, paradis des chevaux asiatiques et des yaks 

Système de dynamo hydraulique installé sur une source de montagne pour alimenter une ferme d'alpage en électricité pendant la saison estivale

Câble électrique raccordant la ferme à la source

Ferme d'alpage taillée dans la pierre aux pieds des grands sommets de Siguniang Shan

C'est dans cette clairière, en amont du lac Dahaizi que nous établirons notre campement après quatre heures de marche. La journée sur la route et la violente ascension jusqu'à plus de 4000 mètres auront eu raison de nos capacités pour cette journée.

De nombreux groupes établissent leur camp ici pour profiter de la source et de l’abri naturel des montagnes en amont du lac. En poursuivant votre balade, vous pouvez vous rendre au lac Huahaizi ou encore au lac du rhinocéros. Non loin de là se trouvent également les départs de montagne pour l'ascension des quatre sommets de Siguniang Shan, culminant à plus de 5000 mètres. Il faudra toutefois venir bien équipés et obtenir une autorisation pour grimper avec votre guide.

Notre sortie du weekend nous conduira simplement aux abords de ce joli lac d'altitude. Nous avons emporté tout ce dont nous avions besoin pour aménager notre campement et pour nous restaurer.

Déploiement des tentes 

On se réchauffe au coin du feu

Nous remercions ici notre guide qui a été plus efficace que nous pour allumer ce feu sous la pluie. Après une marche épuisante, nous sommes arrivés trempés et frigorifiés, tout comme la végétation alentour. Notre guide, le petit frère de notre ami tibétain que nous avions rencontré lors de notre précédente sortie à Siguniang shan, a été très performant et est parvenu à nous préparer un bon feu, malgré la végétation détrempée qui refusait d'obtempérer. Nous avons pu nous restaurer au chaud et au sec et à la veillée, notre ami tibétain nous a offert de l'alcool local que nous avons partagé fort volontiers en discutant sous le ciel noir de cette nuit d'automne. Le moment du coucher a été rude, il a fallu quitter notre source de chaleur fumante pour nous plonger dans des tentes glaciales et humides, rendues inhospitalières par les conditions extrêmes régnant en maître à cette altitude.

Après une nuit glaciale, faible en sommeil réparateur, nous avons pris notre petit déjeuner aux bords du lac en compagnie des animaux descendus des hauteurs où ils se trouvaient la veille, poussés en aval par les chutes de neiges proches.

Pâtures, lac, yaks et sommets enneigés.

Les yaks remontent au fur et à mesure que les chutes de neige de la veille retirent leurs traces

Après la pluie le beau temps, de retour sur les crêtes de Haizigou

Paysages de haute-montagne marqués par la culture tibétaine 

Les quatre sommets de Siguniang shan dans la brume

Notre matinée dominicale en balade et au soleil a été des plus agréables. Nous avons simplement pris le sentier de la veille à revers, mais l'apparition de l'astre lumineux a totalement changé le paysage, les points de vue et les humeurs. La montagne reste un milieu difficile, assujetti aux caprices de la météo avec lesquels il faut apprendre à composer si l'on veut vraiment en profiter et passer un beau moment.

Ce sera un weekend randonnée tout à fait agréable et à refaire. Gardez en tête que les meilleures périodes pour apprécier les lieux sont de mai à octobre. Nous avons fait les deux extrêmes, la prochaine sera peut-être sous la douceur de l'été.