Shangri-La, Province du Yunnan 香格里拉，云南省

Shangri-La est une ville du Yunnan située dans le comté de Zhongdian. À l'origine, Shangri-La est le nom d'un lieu immaginaire décrit dans le roman de James Hilton, "Lost Horizons". Il raconte l'histoire des survivants d'un crash dans l'Himalaya qui découvrent un lieu merveilleux, reculé et isolé aux confins de hautes montagnes. Les Chinois ont rebaptisé Zhongdian en Shangri-la tant ce lieu rappelle le monde décrit par le romancier.

En effet, cette ville bordée de montagnes et abritant 130 000 habitants, se situe sur un haut plateau à 3400 mètres d'altidude, au coeur de la région sacrée des trois fleuves : Le Yangtsé, le Mékong et la Salween. Cette région offre des paysages époustouflants et offre la possibilité de nombreuses randonnées dans les montagnes environantes qui culminent à plus de 6000 mètres.

Avant d'atteindre ce paradis caché, nous avons fait plus d'une heure de route à travers le haut et vaste plateau.

Nous avons pu découvrir l'architecture pitoresque des maisons tibétaines dont les murs ne sont pas parallèles :

Si, si, regardez bien : si l'on prolonge les lignes selon lesquelles ont été construites les maison, elles finiront pas se toucher.

Nous avons également pu voir un entrainement militaire au milieu des yaks ! On compatie, ce n'est pas du tout évident de courrir à 3400m !

En parlant de Yak, nous avons vu pas mal de petites boutiques vendant des produits à base de ce ruminant à poils longs. Il représente une source inestimable, de viande, de gras, de fourrure, pour les peuplades d'altitude, tout est bon !

Après une route surélevée et interminable, nous sommes enfin arrivés à Shangri-La :

Une ville très ancienne où le temps semble s'être figé et où les habitants font preuve d'une forme physique de fer grâce à l'altitude élevée dans laquelle ils ont appris à évoluer.

Nous avons logé à la Dragoncloud Guesthouse près de la place centrale de la vielle ville de Shangri-La.

Une petite pension coquête avec une cour intérieure, des chambres en bois avec salle de bain, pas de chauffage mais une couverture électrique. Nous y avons reçu un accueil chalheureux pour un prix modeste : 100 yuans la nuit (12€).

Nous avons copieusement dinné pour nous remettre de nos aventures dans les gorges du saut du tigre. Nous avons trouvé un petit restaurant tibétain-népalais pour nous attabler et s'abriter de la fraicheur du soir. Apéritif à la bière et au vin sucré de Shangri-La, suivi d'un repas généreux avec de la soupe aux lentilles, de la soupe de Yak aux épinards, des légumes de saison et des feuilletés au yak. Le tout accompagné par le fameux thé au beurre  de Yak salé, très apprécié des Tibétains.

Les décors en bois façon chalets savoyards nous ont étrangement rappelé le pays...

Après une bonne nuit de repos bien méritée, nous sommes allés visiter la lamasserie de Songzan Lin à cinq kilomètres au nord de Shangri-La. Ce monastère à été bâti au XVIIe siècle, sur le flanc de la montagne Foping. Abritant plus de 600 moines, il s'agit du plus grand monastère de la secte des bonnets jaunes de la région.

Nous voici devant la porte d'entrée de la lamasserie.

À l'intérieur se trouve plusieurs temples, tous entourés par les habitations de moines.

Un long escalier de deux cents marches mène à la place centrale de la lamasserie. Fort heureusement, la nuit que nous avons passée en haute altitude nous a permis de monter ces marches presque sans nous arrêter en chemin. Pour ceux qui n'étaient pas habitués à une telle altitude, des masques à oxygène étaient disponibles à l'entrée.

Voici la place centrale encadrée par les trois temples majeurs.

La hauteur de ces temples rappelle celle de nos églises. En revanche, la décoration et les thèmes de ceux-ci sont radicalement différents. On notera l'utilisation de dorures, de peintures et de tapisseries monumentales.

À l'extérieur nous avons également pu contempler les 12 animaux issus de l'astrologie chinoises. Ils semblaient un peu...perturbés. En effet, je vous laisse constater par vous-même leurs énormes yeux exorbités comme s'ils étaient pris de folie furieuse :

Voilà également une entrée de monument religieux que l'on a pas l'habitude de voir en Europe. Tout est très chargé et très coloré. Il est interdit de prendre des photos à l'intérieur des temples, mais l'entrée présentée peut vous en donner un avant-goût. À l'intérieur, de larges rubans en soie de toutes les couleurs descendent du plafond jusqu'aux banquettes de prière disposées en longueur, faces à faces, jusqu'à l'hotel des divinités auxquelles le temple est consacré. Les murs sont recouverts de fresques peintes relatant des visions apocalyptiques d'êtres supérieurs descendus sur Terre pour torturer et massacrer les hommes avant que les divinités du fond n'interviennent pour les protéger.

Fait inabituel, nous avons pu avoir accès aux étages supérieurs des temples. Ils se rejoignent tous grâce à de magnifiques terraces avec vue sur les montagnes et villages environnants.

Nous sommes ensuite redescendus pour aller visiter les quartiers résidentiels de la lamasserie.

On a pu découvrir les fameux rouleaux à prière tibétains. Chaque branche du bouddisme étant différente, on ne trouve pas de rouleaux à prière dans tous les temples.

Le fait d'écrire ses prières sur du tissu coloré avant de les suspendre aux arbre est aussi très typique du Boudisme Tibétain :

Après la visite de la lamasserie, nous sommes retournés à Shangri-La pour déjeuner. Nous avons trouvé un restaurant typique qui a la particularité d'être tenu par un Français et par sa femme chinoise.

Si l'on en juge la décoration et l'agencement du restaurant, on peut penser que toutes les peuplades d'altitude (Savoyards compris) ont su développer les mêmes goûts pour le bois brut et les poêles en fonte.

 La nourriture rappelle d'ailleurs étrangement la maison, fromage et charcuterie, quel bonheur ! Je sais à quoi vous pensez, oubliez ! Pas de cochon ni de vache ici, tout est à base de Yak pour l'émerveillement et la curiosité de nos papilles !

Une promenade digestive dans la vielle ville s'est alors imposée.

Un petit marché se tient sur la place centrale la journée. Le soir, celui-ci laisse sa place aux riverains venus danser ensemble à la tombée de la nuit pour se mettre en appétit avec la musique et les pas traitionnels de Shangri-La.

Shangri-La regorge de petites boutiques proposant les spécialités culinaires et textiles artisanales de la région.

Nous avons également croisé d'autres curiosités qui elles n'ont rien à voir avec la région :

Les hippies se rendent à Shangri-La en masse en quête de révélation "spirituelles" et commencent à marquer leur territoir ! On ne compte pas le nombre de gargotes vendant des reliques Bob Marley, des jumbés et autres gadgets rastas du genre.

Un très joli temple se trouve au centre de Shangri-La sur une coline surélevée. Nous décidâmes de nous y rendre.

Le temple surplombe une large place moderne :

On notera le gros Yak dans le coin !

Le temple se trouve sur le flanc d'une petite coline au-dessus de la place au Yak, nous l'appellerons comme cela...

Voici la typicité même du caractère Feng Shui en Chine, de la montagne derrière et de l'eau devant. Un bel escalier se dresse devant nous pour accèder à la porte qui débouche sur deux temples à gauche et sur le plus grand moulin à prière du monde à droite.

Nous avons eu la chance d'arpenter les escaliers aux premières heures du printemps ce qui nous a permis de profiter des cerisiers en fleurs.

Voici ensuite le plus grand moulin à prière du monde :

Celui-ci s'actionne manuellement grâce à la rampe prévue pour le faire tourner à la force des bras.

La force des bras... ou devrais-je dire de plusieurs bras ! Nous avons essayé avec une dizaines de personnes mais le moulin n'a pas bougé d'un centimètre.

Ce n'est que lorsque qu'une quarantaine de personnes s'y sont essayé que le moulin s'est mis à tourné. Il a commencé lentement puis de plus en plus vite entrainant tout le monde avec lui au pas de course. On notera la mémé dans le coin qui attendait que le moulin soit actionné pour s'y greffer et réciter ses sutras en faisant tourner les boules du chapelet qu'elle tient à la main.

Trois petits tours et puis s'en vont ! Il est temps de quiter Shangri-La pour aller visiter Dali, vielle ville pleine d'histoire, à sept heures de bus de là !